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[En Essonne Réussir] Un moulin high-tech pour Moulins Soufflet

Publié le 15 Avril 2024
Le fleuron du patrimoine industriel de Corbeil-Essonnes s’est offert un moulin 4.0 pour écrire une nouvelle page de la meunerie.

Produire moins pour produire mieux. Il était devenu obsolète, énergivore, surdimensionné et de moins en moins adapté à la production déclinante de ces dix dernières années à cause de moindres exportations. Alors l’ancien moulin, symbole des Grands Moulins de Corbeil de la fin du XIXe siècle et repris en 1994 par la famille Soufflet, a pris sa retraite début 2023 pour laisser place à un moulin érigé sur cinq étages qui a nécessité cinq ans de travaux et un investissement de 45 M€. Et ce, à seulement quelques mètres de son ancêtre, en centre-ville. « Nous tenions à rester sur notre site pour être à proximité de nos silos, de notre collecte de blés à moins de 80 km et de la Seine, puisque 15 % de notre approvisionnement se fait par voie fluviale », explique Bertrand Guilloteau, directeur général de Moulins Soufflet, racheté fin 2021 par le groupement de coopératives agricoles InVivo. « Désormais, notre moulin, l’un des plus modernes d’Europe, comporte deux diagrammes de mouture de 450 tonnes chacun par jour (soit environ cinq millions de baguettes !) et permet de produire des farines plus techniques, comme l’extrablanche T38 très demandée pour les pâtes à dérouler par nos clients, à 60 % des industriels, et peu fabriquée », poursuit celui qui dirige une centaine de salariés.


LA MINOTERIE DE DEMAIN
Trieurs optiques laser pour écarter les impuretés des blés avant qu’ils ne soient écrasés, processus entièrement automatisé permettant à des équipes de deux personnes de superviser l’ensemble des étapes depuis de multiples écrans via une salle de pilotage, mémorisation des paramétrages pour assurer une régularité aux clients, technologie blockchain pour la traçabilité des produits : le nouveau moulin rassemble les dernières innovations. Il est également plus écologique : une motorisation innovante permet de redistribuer l’énergie électrique non consommée, pour une économie d’énergie de 30 % par rapport à un moulin traditionnel et le service R&D travaille à transformer ce qui reste des moutures en pots biodégradables pour les jardineries du groupe InVivo afin de favoriser une économie circulaire. « Ce moulin, c’est une véritable révolution et l’avenir de la tradition meunière », s’enthousiasme Bertrand Guilloteau. Un nouveau monde qui n’oublie pas son passé. L’ancien moulin, dont la tour élévatrice est inscrite à l’inventaire des Monuments historiques, va être réhabilité avec des experts de la rénovation du patrimoine et reconverti, d’ici à 2026, en logements et commerces en préservant l’architecture historique du site.


Auteur: Laurence Amette