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[En Essonne Réussir] « En France, il y a de l'innovation dans tous les secteurs »

Publié le 19 Janvier 2024
Bruno Bonnell, Secrétaire général pour l’investissement en charge de France 2030, a été l’invité de la rentrée économique de la CCI Essonne. Nous l’avons questionné sur les objectifs et le premier bilan à mi-parcours, notamment en Essonne, de France 2030.

Quels sont les objectifs de France 2030 ?

France 2030 est un plan de 54 Mds€ lancé par le président de la République il y a deux ans. Cette enveloppe est investie pour, d’une part, permettre à nos entreprises, nos écoles, nos universités, nos organismes de recherche, de répondre de manière compétitive aux défis écologiques et d’attractivité du monde qui vient et, d’autre part, de faire émerger les futurs champions de nos filières d’excellence. Le plan est donc sous-tendu par deux objectifs transversaux consistant à consacrer à la fois 50 % de ses dépenses à la décarbonation de l’économie, sans dépenses défavorables à l’environnement et 50 % à des acteurs émergents porteurs d’innovation. Le secrétariat général pour l’investissement pilote le déploiement de ce plan, la mise en œuvre et l’évaluation du plan.

Sous quelles formes l’aide financière est-elle distribuée ?

Des subventions pour à peu près les deux tiers, des avances remboursables et, enfin, des fonds propres pour un peu moins de 15 %.

Quel est le bilan du plan deux ans après son lancement ?

Le bilan est satisfaisant avec 27 Mds€ engagés fin 2023. Plus de 4 400 projets ont été accompagnés, 2 000 brevets déposés et plus de 40 000 emplois directs ont été créés grâce aux projets financés. Cela démontre qu’en France il y a de l’innovation dans tous les secteurs. Je suis très optimiste car je constate un vrai réveil de la France créative.

Beaucoup d’entreprises n’osent pas postuler ? Comment les inciter à le faire ?

Aller sur notre site internet (france2030.gouv.fr, ndlr) on l’a beaucoup simplifié. Pour certains dispositifs, il n’y a que deux pages à remplir pour pré-postuler afin de savoir si le dossier est éligible. Je conseille également de solliciter le sous-préfet référent à l’investissement et l’accélération des implantations industrielles, présent dans chaque préfecture de département, ou encore le référent France 2030 au niveau de la préfecture de région.

Seulement une candidature sur trois est retenue. Comment expliquez-vous ce taux relativement faible ?

Il y a un parti pris très clair, c’est celui de financer l’excellence. C’est pour cela que nous faisons preuve d’une très grande sélectivité. Ce n’est pas du tout un dispositif comme France Relance qui fonctionnait un peu en mode guichet automatique, mais un plan d’excellence générant de vraies innovations stratégiques ainsi que des impacts carbone et économiques.

Une nouvelle priorité – l’eau – est apparue en 2023. Cela veut-il dire que le contenu du plan n’est pas figé ?

On est à la mi-temps et on réévalue. On se concentre sur un certain nombre d’objectifs initiaux tout en ouvrant de nouvelles pistes. Avec la canicule et la sécheresse, on s’est rendu compte qu’il faut stimuler les entreprises proposant des solutions pour la gestion de l’eau. Par la suite, il est possible que de nouveaux thèmes apparaissent. Pour autant, en deuxième mi-temps, nous devrons plutôt regarder quelles sont les briques technologiques encore manquantes pour atteindre nos objectifs et que l’on va financer en priorité.

Combien de nouveaux appels à projets ou à manifestation d’intérêt avez-vous prévu de lancer en 2024 ? Quelles thématiques seront prioritaires ?

Nous lancerons probablement plusieurs dizaines de dispositifs en 2024. Toutefois, nous allons plutôt lancer des appels à manifestation d’intérêt que des appels à projets car ces derniers sont un peu restrictifs. Ce sera donc plus ouvert. Les secteurs prioritaires seront l’automobile, l’Intelligence artificielle, le cyber. Il y aura également des appels concernant l’avionique et la santé. Et il y a des dispositifs qui disposent de plusieurs vagues de sélection et seront toujours ouverts en 2024.

Comment faire comprendre aux entreprises l’importance de la décarbonation ?

Les entreprises ont compris l’enjeu de la décarbonation car elles ont été confrontées à la hausse du prix de l’énergie. Elles remettent en cause leur process et veulent faire de la sobriété. Mais elles ont toujours l’impression que cela coûte de se mettre aux normes. En fait il ne faut pas poser la question comme cela. Il faut se dire que les consommateurs de demain ne pardonneront pas aux entreprises de ne pas faire un travail vertueux. Dans le futur, être vertueux ne sera plus une obligation, mais une évidence.

Quel est le montant des investissements opérés en Essonne dans le cadre de France 2030 ?

574 M€ ont été investis par France 2030 en Essonne. Si l’Essonne était une région, elle figurerait au 5e rang national. En Île-de-France, l’Essonne est le 3e département le plus soutenu après Paris et les Hauts-de-Seine. 180 lauréats représentant 115 projets ont bénéficié du plan. Un tiers des lauréats sont des PME. Ce dernier ratio est tronqué en raison du poids des projets de recherche et développement. Sans cela il serait plus important. Parallèlement, des dossiers ont été financés dans le cadre de France 2030 régionalisé (un dispositif dans lequel pour un euro investi par France 2030, la région investit également un euro, ndlr). En Île-de-France, 183 M€ y sont consacrés. Sur cette enveloppe 15 M€ ont permis de soutenir une trentaine de projets essonniens.

À quels secteurs économiques appartiennent les lauréats ?

Les dossiers qui ont été retenus concernent principalement la souveraineté numérique, l’enseignement supérieur et la recherche, la santé et ce que nous appelons les grandes transitions, comme par exemple, l’agriculture, tout ce qui a un impact écologique.

Au-delà des bénéficiaires les plus connus tels Quandela, Pasqal ou Ynsect, pouvez-vous citer d’autres exemples essonniens significatifs ?

Je pense à l’université Paris-Saclay qui est, notamment, lauréate du programme « ExcellencES » qui est le programme de référence des universités. Il y également Exotrail, la SATT Paris-Saclay, notamment retenue pour un projet sur l’alimentation française. On peut encore citer Geolithe (procédé d’extraction du lithium, ndlr), Umiami (alternative végétale à la viande, ndlr) ou Wattpark.

 

Propos recueillis par E.Vilmos

 

BioExpress

Âgé de 65 ans, Bruno Bonnell est ingénieur chimiste et diplômé de l’université Paris-Dauphine PSL. Il a commencé sa carrière en entreprise et dirigé plusieurs sociétés du secteur du numérique dont l’éditeur de jeux vidéo infogrammes/Atari. Ardent promoteur de l’innovation, il a créé le salon Innorobo ainsi que Robolution Capital, le premier fonds d’investissement dédié aux start-up de la robotique. Passé en politique et élu député du Rhône en 2017, il a notamment mené la mission « territoires d’industrie ». Il a été nommé secrétaire général pour l’investissement en charge du plan France 2030 le 31 janvier 2022.

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CANDIDATER À FRANCE 2030

- Consulter les appels à projets : gouvernement.fr/france-2030/appels-a-candidatures

- Obtenir un questionnaire d’autoévaluation : france2030@essonne.gouv.fr

- Préqualifier les candidatures et se faire accompagner dans la réponse : Anne-Claire Millet 06 40 13 19 76 ac.millet@essonne.cci.fr