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[En Essonne Réussir] «L'Essonne dégage un véritable dynamisme»

Publié le 07 Juin 2023

Arrivé il y a un peu moins d'un an en Essonne, Bertrand Gaume, le préfet de l’Essonne, se dit séduit par la diversité et le dynamisme de l’économie départementale. Il désire agir pour accompagner les entreprises, tout en prônant un juste équilibre entre développement économique et sobriété foncière.

Un entretien publié dans le magazine En Essonne Réussir d'avril. 

 

Quel constat tirez-vous de votre première observation de l’économie essonnienne ?

Ce département a de l’énergie à revendre. Il dégage un véritable dynamisme. Il a notamment permis de générer 4 500 créations nettes d’emploi en un an et d’atteindre 6,5 % de chômage. Un taux meilleur que la moyenne nationale. Cela ne veut pas dire que tout est rose, mais c’est le signe d’une véritable dynamique entrepreneuriale.

 

Y a-t-il, dans le département, des secteurs d’activités prioritaires aux yeux de l’État ?

L’État souhaite accompagner tous les entrepreneurs, comme l’illustrent les initiatives fortes du plan de relance ou de la baisse des impôts de production. À titre d’exemple, et pour l’économie essonnienne, France Relance, dans son ensemble, a représenté près d’1 Md€ en subventions. À cela, il faut ajouter les prêts garantis par l’État pour 2 Md€ et les reports d’échéances fiscales ou sociales pour 50 M€. En Essonne, nous avons des grands groupes, des pépites, des start-up, mais aussi toute l’économie du quotidien avec un réseau de TPE/ PME et d’entreprises artisanales. À tous, l’État veut apporter des réponses adaptées. Notamment, en ce moment, dans l’accompagnement de la crise énergétique.

 

Selon les enquêtes sur les besoins de main-d’œuvre, près de la moitié des projets de recrutement étaient jugés difficiles en 2022. Que peuvent faire de plus les services de l’État pour améliorer cette situation ?

L’ancien Premier ministre, Jean Castex, a lancé un plan de réduction des tensions de main d’œuvre. Cela se traduit par une meilleure connaissance des métiers qui recrutent, l’adaptation des outils de formation comme le déploiement des « méthodes de recrutement par simulation » (1). Nous sommes est train de les déployer notamment au bénéfice des personnes les plus éloignées de l’emploi comme les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA). Par ailleurs, le Conseil départemental a été lauréat, avec Pôle emploi, d’un appel à manifestation d’intérêt appelé Service public de l’insertion et de l’emploi (SPIE). Son objectif est de renforcer cette dynamique. Plus globalement, et au-delà de soutenir les secteurs en tension (notamment via la filière de l’apprentissage), il faut anticiper. 70 à 75 % des emplois de demain ne sont pas connus aujourd’hui. L’État est, aux côtés des Régions, le principal financeur des mesures du plan d’investissement dans les compétences permettant de mettre en place des actions afin d’adapter les formations aux besoins.

 

Le schéma directeur de la Région Île-de-France (SDRIF) est en cours de révision en concertation avec l’État. Quels sont, en Essonne, les points qui retiennent le plus l’attention de l’État dans le cadre de cette révision ?

On ne peut plus, aujourd’hui, faire de développement économique comme on le faisait il y a 40 ou 50 ans. Concrètement, le nouveau SDRIF devra prendre en compte la loi ZAN (Zéro artificialisation nette) et les sujets de développement durable, de transition énergétique, de préservation de l’environnement tout en cherchant à les concilier avec les enjeux de développement économique. C’est un grand enjeu, particulièrement en Essonne qui est un département très contrasté. Le monde agricole est, par ailleurs, un vecteur de richesse économique. Préserver des terres agricoles, c’est aussi préserver des ressources pour notre industrie agroalimentaire.

 

Beaucoup d’entreprises déplorent la faiblesse de l’offre foncière. Comment répondre à cette attente en respectant la sobriété foncière ?

Le SDRIF va figer certaines situations. Toutefois, nous devons pouvoir collectivement inventer une manière de mieux concilier les objectifs. Ainsi, nous continuerons de développer, sans artificialiser plus. Nous déploierons des zones d’activités sur d’anciennes friches industrielles. L’État a mis en place le fonds friches dans le cadre du plan de relance. Ce fonds est à présent pérennisé avec le fonds vert et doté de 2 Md€. Il permettra de répondre à ces enjeux. J’ajoute que l’Essonne a déjà bénéficié de ce fonds friches soit pour créer de nouvelles zones d’activités, soit pour construire des bâtiments à double usage. Par ailleurs, nous travaillons avec les chambres consulaires et l’agence Essonne Développement. Nous repérons du foncier utile aux entreprises et encourageons leur développement.

 

Quelle est la situation de la construction de logements neufs dans le département ?

Sur le logement, l’Île-de-France ne respecte pas les objectifs. Ce n’est toutefois pas le cas pour l’Essonne. C’est le seul département de la région à avoir atteint son objectif de production de logements sociaux. Nous devions construire 3 200 logements sociaux agréés en 2022 et en avons construit 3 256. Mais, globalement, la construction a connu un ralentissement. En novembre 2022, le bilan annuel des logements autorisés s’établissait à 8 600 contre 8 700 en 2021, 8 900 en 2019 et 11 300 en 2018. Par ailleurs, 7 000 logements ont été commencés en 2022, soit plus qu’en 2021 (6 500), mais moins qu’en 2019 et 2018 (9 100 et 10 600).

 

Propos recueillis par Patrick Désavie

 

(1) Cette méthode ne repose pas sur l’expérience ou le diplôme, mais sur l’évaluation des aptitudes ou habiletés d’un candidat au regard du poste à pouvoir.

 

BioExpress

Bertrand Gaume a pris ses fonctions de préfet de l’Essonne en août 2022 après avoir occupé un poste similaire dans le Vaucluse et être, auparavant, demeuré trois ans préfet de la Corrèze. Natif de Vichy et âgé de 47 ans, Bertrand Gaume a été élève de l’École nationale d’administration (promotion Copernic) de 2000 à 2002. Il a ensuite occupé des postes dans des préfectures de région et dans différents ministères à Paris. Bertrand Gaume est détenteur de plusieurs distinctions, dont la Légion d’honneur et la médaille du Mérite.